Absent de Bagdad, Editions de La Table Ronde, Collection Vermillon, 144 p, 115 x 180 mm. ISBN : 978-2-7103-2903-9. Parution : 11/01/2007. Prix : 16 €
Vidéo à consulter
 J.-C. Pirotte dans Un livre, un jour, France 3, 14/02/07. Photo : © France 3.
 AL-QUDS Al-Arabi Volume 19 - Issue 5782 Monday 7 January 2008, p. 10.
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Jean-Claude Pirotte, Absent de Bagdad
Extrait :
"au début j'avais réussi à écrire quelques mots dans ma langue, ou plutôt les graver du bout de l'ongle sur un carton minuscule que j'avais trouvé dans le noir en tâtonnant, ils ont dit que j'avais écrit le nom d'Allah et que c'était de l'arabe, mais ils se trompaient, il n'y avait ni le nom d'Allah ni aucun mot d'arabe, c'était le prénom de ma fiancée turque, et d'autres mots griffonnés que j'ai oubliés après qu'ils m'eurent enchaîné les mains et les pieds, la main gauche au pied droit, la droite au pied gauche, et qu'ils m'eurent entouré le cou d'une laisse cloutée au moyen de laquelle ils me traînaient dans une galerie souterraine semée de tessons de bouteilles [...]"
(p. 13)
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Jean-Claude Pirotte se définit modestement comme "un peintre du dimanche et un écrivain du samedi". Or, il a publié une quarantaine d'ouvrages, en poésie et en prose, dont plusieurs ont été couronnés par des prix littéraires : prix Coppée, prix Larbaud, prix Vialatte, prix Duras, pris des Deux Magots, prix Marcel Aymé...
Les critiques :
"Absent de Bagdad de Jean-Claude Pirotte. Quand la démocratie dévoyée et l’islam intégriste se rejoignent.", par Idir Iounès, La Dépèche de Kabylie, n° 2193, 11/08/09.
"Majuscule Pirotte", par Aymen Hacen, La Presse de Tunisie, 30/08/07.
"La poésie se régénère grâce à ce souffle prophétique profond qui prend acte et lieu dans la prose des jours. C’est la prose de la Bible et du Coran. C’est la prose où la prophétie ne se fait pas dogme ou superstition, mais rythme, musique et incantation. Humaine, trop humaine, la prose de Jean-Claude Pirotte rejoint celle d’Ibn Arabi et de Bernanos qui occupent une place de choix dans son roman [...]
"Jean-Claude Pirotte : Absent de Bagdad", par Dominique Baillon-Lalande, Encres Vagabondes, 08/08/07.
"Poésie politique", par François Busnel, L'Express, 22/02/07.
"Sur les horreurs commises à Abou Ghraib, éditorialistes et reporters ont beaucoup glosé; la parole est maintenant aux poètes. Pirotte se glisse dans la tête d'un prisonnier. Un homme dont on ignore tout, puisque lui-même ne sait plus qui il est, ravalé au rang d'animal par des geôliers qui ont abdiqué leur identité en acceptant de pratiquer la terreur au nom de la démocratie. Dans ce texte superbe, poétique et politique, Pirotte renvoie dos à dos les deux fondamentalismes qui, selon lui, déchirent la planète: l'islam intégriste et la démocratie dévoyée. Leur point commun? L'absence de doute."
"A la gloire des insoumis. Eloge de la résistance, par Jean-Claude Pirotte, excellent styliste", par Patrick Kéchichian, Le Monde, 16/02/07.
Un livre, un jour, Emission de Olivier Barrot et Sandrine Treiner, France 3, 14 février 2007. Vidéo à consulter : entretien de J.-C. Pirotte avec Olivier Barrot, durée : 02:33.
"Trois oeuvres de résistance, de clandestinité et de désobéissance civile" par Hugues Robaye, sur le site de l'association Groupe Esthéthique
"Pirotte absent de Bagdad mais résolument présent au monde", par Jacques Josse, remue.net, 10/02/07.
"Un roman de Jean-Claude Pirotte. Pourquoi l'Irak ?", par Aude Lancelin, Le Nouvel Observateur, 11/01/2007.
"Avec Absent de Bagdad, l'écrivain
quitte les brumes du Nord pour les prisons américaines d'Abou Ghraib.
On imagine Pirotte, tombant un jour au
hasard d'un magazine sur le sourire asiate de Lynndie England, la soldate
tortionnaire qui traînait en laisse des hommes arrosés d'urine. C'est à elle
qu'on pense aussitôt en découvrant dans Absent de Bagdad la métisse
cheyenne dont les yeux verts troublent un prisonnier irakien. Et puis on
appelle Pirotte dans les Ardennes - car le vieux pirate belge ne met pas
souvent les pieds à Paris, qui ne l'en célèbre pas moins - et il dit qu'il n'y
avait pas pensé au départ, à la putain emblématique de la guerre d'Irak, mais
que, oui, en fait il y avait sûrement de ça.
Des années aussi qu'il voulait rendre une sorte d'hommage à sa "famille "
musulmane. Les immigrés turcs, algériens
ou albanais qu'il défendait dans les années 1970, à la tête du plus gros cabinet
d'avocats de Belgique. "Déjà, à l'époque, on leur donnait du porc à manger
tous les jours en prison. Que l'on soit croyant ou non, c'est une forme de
torture pour un musulman." L'Irak s'impose alors comme abcès. Et lui, le
poète des pluies de Rethel, où le soleil perce rarement, revêt la cagoule d'un
supplicié d'Abou Ghraib. Lui, l'amateur de bières puissantes et de crus rares,
se retrouve dans la cellule d'un "chien maigre de l'Islam", à épouser les
réflexions d'un homme enseveli vivant, humilié mais pas brisé.
On ne s'étonne pas longtemps pourtant de
voir l'auteur embarqué dans la galère moyen-orientale, tant ses obsessions
familières sont là, dans la beauté calme de ce monologue intérieur à la Valery
Larbaud. Le prisonnier anonyme d' Absent de Bagdad, c'est un peu le
narrateur de Cavale, soliloquant l'absurde condamnation qui contraignit
Pirotte à la clandestinité, il y a trente ans, pour avoir prétendument favorisé
l'évasion d'un de ses clients. Une blessure qui devient ici aberration
métaphysique, à travers le destin de ce fils de nomades élevé sous des ciels
immémoriaux, contraint de ramper sous les rangers de tueurs innocents nés
d'hier.
Il n'y a plus de verts paradis de l'enfance au Texas, suggère ici Pirotte, qui
enseigna il y a dix ans aux Etats-Unis. De figures écoeurantes du succès en
meurtres simulés sur écrans, l'Occident a tué l'enfance. Et désormais c'est
cette "mort hallucinée" qui s'exporte partout sur la planète, comme
une guêpe d'autant plus affolée que son entreprise y remporte moins de succès.
Et de citer Bernanos, dont les phrases ne cessèrent de le hanter pendant
l'écriture, dit-il : "Il est dangereux de laisser s'avilir les
faibles, la pourriture des faibles est un poison pour les forts."
Mi-poète, mi-procureur, Pirotte signe ici un manifeste pour ceux qui veulent
croire encore aux légendes millénaires, au triomphe dans l'ombre, à la défaite
improbable des imbéciles."
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