Avant-propos :
André Dhôtel a, tout au long de sa vie, correspondu avec les poètes. Parmi eux, Armen Lubin (1903-1974) a fait l'objet de sa plus haute attention. Les deux tommes échangent des lettres entre 1949 et 1972. Il y est question d'entraide et de soutien mutuel, au-delà des préoccupations littéraires de chacun. Lubin, qui passera de longues années en sanatoriums expérience qu'il relatera dans les vers du
Passager clandestin (1946) ou dans la prose du
Transfert nocturne (1955) - ne fait pas état de cette misère physique. Il la transcende notamment par la solide amitié qu'il voue à son correspondant. Dhôtel est au diapason :
Je n'imagine qu'un monde où tout le monde s'entend, et on chipote sur des ombres de conflits sentimentaux et littéraires.
Noël Tuot (1945) est, quant à lui, un jeune poète ardennais qui a bien des difficultés à se faire publier, lorsqu'en 1974 il correspond avec André Dhôtel,
de 45 ans son aîné. Natif de Lametz, Ardennes, non. loin de Mont-de-Jeux, il se tourne naturellement vers un
pays, pour solliciter son aide et lui témoigner sa gratitude. L'auteur des
Disparus n'aura de cesse, jusqu'en 1985, de prodiguer conseils et encouragements à Tuot, qui fera paraître, entre autres,
Le Curé de
Camaret, pièce de théâtre (1989),
La Femme du Bédouin, recueil poétique (1990) et
Le Mariage d'Arthur Rimbaud, roman (1991). Réduit au silence depuis 1991 par un accident de santé, Noël Tuot trace depuis d'énigmatiques figures à l'encre, qui émaillent les pages de ce cahier.
Jean-Claude Pirotte (1939), enfin, est lecteur de l'écrivain depuis sa prime jeunesse. Il l'a confessé : Je n'ai pu parler de ses livres qu'à André Dhôtel,
c'est normal, j'en figurais un des personnages, je sortais tout droit des
Rues dans l'aurore ou du
Village pathétique...
Pirotte finit par entrer en relation avec l'homme, à qui il écrit entre 1980 et 1991. Si les réponses d'André Dhôtel sont à jamais perdues, les plis adressés par Pirotte à l'auteur de
La Vie Passagère expriment les difficultés de l'existence. Mais l'on devine le grand profit moral tiré par Jean-Claude Pirotte d'une conversation avec André Dhôtel.
Le présent cahier offre un large choix de lettres, des rééditions de textes parus en revues, des inédits d'aujourd'hui. Ces documents illustreront les rapports d'André Dhôtel à quelques poètes contemporains, dans l'amitié...
Frédéric Chef
Responsable des Cahiers André Dhôtel
Le dossier consacré à J.-C. Pirotte (p. 189-251) :
- "Lettres à André Dhôtel", p. 197-223, 16 lettres - dont un fac-similé autographe daté du 3 juin 1983 de Malonne - qui couvrent la période du 3 mai 1980 au 5 janvier 1991, six mois avant le décès d'André Dhôtel, ;
- Une lettre à Yanny Hureaux, du 6 août 1991 d'Angoulème, évoquant la disparition d'André Dhôtel ;
- "Présentation d'une planète", p. 224 (
Dhôtel à tort et à travers, Bibliothèque de Charleville-Mézières, 2000) ;
- "Ce petit homme maigre", p. 226, texte publié dans
Le Monde, le 5 octobre 1984 ;
- "Dhôteliana" [poèmes] : "Confins du faubourg", "Nulle part", "Temps pour tout", "Depuis quelque temps", "La poésie", "Les lunettes", "Le baiser", p. 228-231 (
Dhôtel à tort et à travers, Bibliothèque de Charleville-Mézières, 2000) ;
- "Dhôtel en chemin", p. 232 (
Magazine Littéraire, n° 212, novembre 1984, à l'occasion de la sortie d'
Histoire d'un fonctionnaire chez Gallimard, du
Ciel du Faubourg dans la collection "Les Cahiers Rouges" chez Grasset, de
La nouvelle chronique fabuleuse, de
L'école buissonnière - entretiens avec Jérôme Garcin - chez Pierre Horay, et de
L'Honorable Monsieur Dhôtel, de Patrick Reumeux, à La Manufacture) ;
- "De très anciens complices ", p. 238, extrait de
Un Voyage en automne (1996, p. 71-72) ;
- "Mont-de-Jeux", p. 239, extrait de
La Vallée de Misère (1987, p. 38). J.-C. Pirotte avait envoyé à André Dhôtel une première version de ce poème ("Pour Suzanne") en guise de post-scriptum à la lettre du 30 mars 1982 qui figure dans ce n° 6 des
Cahiers André Dhôtel (p. 206).
Une présentation de Christophe Mahy, "Jean-Claude Pirotte, personnage d'André Dhôtel", ainsi que deux poèmes de William Cliff et deux poèmes de Bertrand Degott complètent ce dossier.
Iconographie : Frontispice de Jean-Claude Pirotte (couverture des
Amis de l'Ardenne, n° 16, mars 2007) ; Jean-Claude Pirotte vers 1990 (photographie de Marie-Laurence Wernert, Editions Le Temps qu'il fait) ; Christophe Mahy et Jean-Claude Pirotte à Charleville en mars 2004 (Photo Frédéric Chef) ; Jean-Claude Pirotte par Daniel Casanave (2 dessins) ; Jean-Claude Pirotte et André Dhôtel à Namur en 1984 (Photo Edith Hey) ; Jean-Claude Pirotte et Jean-Pierre Canon, bouquiniste de "La Borgne Agasse" (Belgique), 1987 (D.R.) ; Jean-Claude Pirotte lisant des textes d'André Dhôtel au Mont-de-Jeux, en septembre 2000 (centenaire de la naissance de Dhôtel).
mise en ligne : 19/02/09