Jean-Claude Pirotte
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Jean-Claude Pirotte : Autres séjours

Jean-Claude Pirotte, Autres séjours, Cognac, Le temps qu'il fait, 2010, 191 pages.
Format : Broché, 14,1 x 18,9 cm
ISBN : 978-2-86853-534-4
Prix : 18 €
Parution : octobre 2010.






Jean-Claude Pirotte : Autres séjours

Prix Apollinaire 2011


Autres séjours fait suite à Revermont. Aux images du Jura se substituent peu à peu celles des abords de la mer du Nord, où séjourne l’auteur. Comme Revermont, Autres séjours évoque, à la façon d’un journal en poèmes, le paysage intime qui s’assombrit, alors que la lumière marine l’éclaire d’un halo crépusculaire. Mais ce n’est pas tout : un prochain volume suivra, intitulé Le très vieux temps, où l’enfance rejoint et apaise le grand âge. La vie n’a pas de fin, même si le monde et la littérature agonisent.

Note de lecture :

De la lumière brouillée par le vent sur les rivages de la mer du Nord, Jean-Claude Pirotte donne à écouter une sonate en trois mouvements où on laisse les ombres de circuler librement sur la lande ou le polder. Le poète les interroge inlassablement en parfaite intelligence / avec le soleil de minuit. L'atmosphère est aux charmes du silence et du crépuscule qui n'en finit pas de consoler et d'inquiéter. L'incertitude du temps impondérable et la misère quotidienne révèlent la présence absolue / de la vie dans une attente infinie :
le mieux c'est de me taire
et d'espérer quand même
on ne sait quel présage.
Dans ce paysage intime qui s'assombrit lentement, le fantôme du chat disparu s'immisce dans la complainte du vent. La lune au coin du toit veille l'insomnie du poète rédigeant des cartes postales sans réels destinataires, si ce n'est les songes où vivre en exil et le temps qui passe. Car il fait nuit noire / et l'enfance est ailleurs / et la vie nulle part, pourtant l'existence continue, farouchement mélancolique. Les voix de Joubert ou d'André Frénaud réveillent la mémoire par quoi
nous aimons les défunts
à qui l'ombre nous lie
et nous goûtons sans fin
la mort avec la vie
La fenêtre s'ouvre alors sur l'immensité terne du rivage de la Mer du Nord, paysage aussi infiniment changeant que rêvé. C'est là,
entre les peupliers rebelles
et les saules devenus vieux
près des écluses du polder
que
la dérive des ombres
s'opère à notre insu
comme au bord d'un ailleurs
qui ressemble à l'oubli.


Extrait :

c’est toujours l’hiver quand je viens ici
le polder scintille sous la lune
et la furtive marée de décembre
attend du ciel un éclat de lumière

je peux entrer me recueillir dans la chambre
la marée me suit le vent me précède
et les étoiles clignotent entre les nuages
plus échevelés que la vieille Gorgone

plus bouleversants que la Légende dorée
plus lointains et plus proches que les enfances
dont nous pensions avoir épuisé les charmes
les mystères et les folies impénitentes

et le vent qui fait battre le cœur
au rythme des portes mal assurées
s’introduit jusque dans les livres ouverts
où sa soudaine présence émeut

les héroïnes des romans oubliés
restaure la mécanique rouillée des songes
et démantèle une existence pauvre
afin de la remplacer par une autre

secouée de soues inédits et d’espoirs
animée de nouvelles inattendues
et de souverains envols prometteurs
comme si la vie était une terre remembrée

qui n’est pas en voie d’épuisement
et qu’au soleil des emblavures
le temps propice aux longs repaires
devait épanouir les solitudes
et révéler l’envers du monde



Revue de presse :



mise en ligne : 27/03/11
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