Jean-Claude Pirotte : Le promenoir magique et autres poèmes (1953-2003)

Présentation de l'éditeur :

On sait que Jean-Claude Pirotte est un écrivain à la prose délicate, subtile, magique…, un "peintre du dimanche" comme il se définit lui-même. On sait moins qu’il commet parfois des vers et qu’ils sont une part majeure de son oeuvre. Le Promenoir magique ne reprend pas toute la poésie de Pirotte et de son hétéronyme Ange Vincent, mais les poèmes les plus impeccables, inédits pour la plupart, qu’il a écrits entre 1953 et 2003.

C'est l'histoire des trompettes
: qui me cause du souci
: quand je cueille les trompettes
: de la mort je n'entends mie

: ni celles de Jéricho
: ni celles des opérettes
: et pas même un seul écho
: d'une musique céleste

: les trompettes sont muettes
: ou bien c'est que je suis sourd
: pourtant j'entends les grands gestes
: du vent dans l'éclat des jours

Sommaire :

Amorces, 1953-1957, inédit
: Les Cahiers et les poésies d’Ange Vincent :
: La vallée de Misère, 1987
: Faubourg, 1997
: Dame et dentiste, 2003
: Fougerolles, 2004
: La Boîte à musique, 2004
: Nada, 2003, inédit
: Le Promenoir Magique, 2003, inédit

Note sur l’édition :

Cette édition collective est loin de rassembler la totalité des poèmes écrits par l'auteur entre 1953 et 2003, soit au cours d'un demi-siècle. Elle est constituée à parts égales des recueils de jeunesse inédits composés à partir de 1953, que l'auteur attribuait à son double Ange Vincent, et de recueils parus entre 1987 et 2003.
Ne figurent pas dans ce volume les trois livres publiés aux éditions Georges Thone entre 1963 et 1969, ni les textes poétiques de Journal moche, parus chez Luneau-Ascot en 1981 et qui ont fait l’objet d’une réédition augmentée à la Table Ronde sous le titre Il est minuit depuis toujours. On ne trouvera pas davantage ici les poèmes des Carnets de Gueldre, écrits en néerlandais entre 1951 et 1955, ni le recueil Rituels, qui obtint en 1962, sur manuscrit, le prix Charles de Trooz et dont l’auteur n’a pas gardé de copie. En outre, semblent irrémédiablement perdues d’autres œuvres poétiques inédites, comme Banlieue triste et Chemin des gueux.
Le recueil inédit qui clôt cet ensemble et lui donne son titre date de 2003.
Enfin, il n'a pas semblé opportun d'intégrer à ce volume les nombreux poèmes qui ponctuent certaines oeuvres en prose de l'auteur, comme Récits incertains, Cavale, ou Un voyage en automne.

Extraits :

la baraque où notre existence est campée
: appelons ça le corps dit Joubert
: une baraque de barbaque
: montée sur pilotis et tout autour
: le vieil Océan de Lautréamont

: sur le mont Ararat j'ai planté mes choux
: piqué ma girouette et tapé sur les clous
: tué mes poux et cassé mes cailloux
: puis une voix m'a dit reste à genoux

"biographie", Les Cahiers et les poésies d'Ange Vincent in Le Promenoir Magique et autres poèmes, p. 235.

si la poésie vient sans qu'on s'y attende
: elle s'en va comme elle est venue, par surprise
: et ce qu'elle nous laisse parfois c'est un lac
: dans la province inconnue de l'Alberta
: ce n'est en réalité que le souvenir
: d'une photographie d'un atlas d'enfance
: mais un moment sur ce lac on navigue
: en compagnie d'un ami mort depuis longtemps
: le soir tombe et le visage de l'Indien
: qui lève la rame vers le ciel s'éclaire
: et le sourire de l'ami devient si présent
: qu'il est impossible enfin de douter
: des sources de la lumière

"Chronique douce", Faubourg in Le Promenoir Magique et autres poèmes, p. 608.

vêtue de noir et de silence

la mère paraît sur le seuil

pour briser l'enfant qui s'avance

et dans l'arrogance du deuil

la Parque affiche sur le seuil

la vengeance et l'exil du ciel

de l'amour c'est le châtiment

l'assourdi suintement du fiel

qu'en son hoir pour seule chevance

remâchera de deuil en deuil

le vieil enfant

et du malheur le maigre orgueil

sera son unique pitance

la Parque inflige dès le seuil

le sacrifice de l'enfance

"VII. Rondeau final", La Boîte à musique in Le Promenoir Magique et autres poèmes, p. 860.

Revue de presse :

Comme la trompette de Chet Baker sous les murs de Jéricho , Mediapart, 11/O7/09.

Je lis Jean-Claude Pirotte et rien ne me distrait, Tristan Savin, Lire, juin 2009
[...] Ce Promenoir magique nous permet de retrouver le double de l'écrivain, Ange Vincent, ses compagnons les anges, ses fulgurances et sa "Déclaration d'absence". Touché par la grâce, à la manière dont l'étaient les peintres flamands, Pirotte ne connaît pas la haine - ni celle des hommes, ni même celle de la vie : "le monde est beau parce que changeant". Voilà pourquoi ses vers apaisent. [...]
On pourrait dire de Pirotte ce qu'il écrit sur Armand Robin : "Il est cette ombre blanche inconsolable/qui se regarde perpétrer - miracle/infernal - son flagrant délit de vie." Si une consolation est possible, ce serait celle-ci : écrire, malgré tout. Et pour nous autres : lire Pirotte.

JC Pirotte sur France Culture - Durée : 00:58:36 - JEUX D'ARCHIVES, jeudi 7 mai 2009, de 21h00 à 22h00.
Production : Antoine Perraud - Description : Avec Jean-Claude Pirotte, namurois d'origine, écrivain, peintre et éditeur. Sa bibliographie compte près d'une quarantaine d'ouvrages, poèmes, romans, chroniques, essais, nouvelles et contes. Il vient de publier Promenoir magique aux Editions de la Table Ronde, recueil qui reprend les poèmes inédits que l'auteur a écrit sous son propre nom ainsi que sous son hétéronyme Ange Vincent entre 1953 et 2003. Archives INA : 1) André Frénaud, Grands entretiens d'hier et d'aujourd'hui, 1977, interviewé par Bernard Pingaud : il lit son poème "Où est mon pays" avant d'évoquer son enfance. Durée : 4'38" 2) Hervé Bazin, Atout coeur, Radio Bleue, 09/09/1988 : il parle de son enfance et de Vipère au poing Durée : 5'39" 3) Henri Thomas, Entretiens avec Henri Thomas par Christian Giudicelli (23/06/1975) : Là aussi, il est question de l'enfance, de ses Vosges natales et de l'influence de Jules Verne. Il termine sur la lecture d'un poème qui évoque cette passion juvénile. Durée : 5'46" - Site Internet : http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/

Jean-Claude Pirotte en poésie, Pierre Maury, lesoir.be, 30/04/2009

"Le Promenoir magique et autres poèmes", de Jean-Claude Pirotte, lecture de Florence Trocmé (Poezibao, 21/04/2009)

mise en ligne : 18/03/09