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Jean-Claude Pirotte / Le très vieux temps |
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Jean-Claude Pirotte : Le très vieux temps
Les minces trésors des jours perdus, les infimes richesses de son enfance solitaire bouleversent plus que jamais le vieux coeur du poète qui n'a pas renoncé à la surprise ni à la joie, bien qu'une ombre passe sur son front qui semble toujours plus accablante.
Alors il les serre dans le reliquaire fragile de ses chansons boiteuses, par souci d'apaisement peut-être et pour encore donner des gages "au rêve absolu".
Note de lecture : Sur les sentiers perdus d'une enfance lointaine, le poète solitaire regarde son ombre aux prises avec les derniers feux du crépuscule. Parce que le dessein des vies / c'est la mort nous écoutons / les chants lointains de l'innocence / qui se mêlent aux souvenirs, écrit Jean-Claude Pirotte dans ce triptyque élégiaque qui est encore un jour mais dans une autre vie, avant d'être un poème. L'autre vie, c'est celle que lui soufflent les poètes retirés sur des chemins de traverse, à la faveur d'une existence vouée aux lectures intimes et aux confidences des fantômes. L'auteur marche sur la route des temps anciens avec Max Jacob, Armand Robin, André Frénaud, Jean-Pierre Colombi, Philippe Jaccottet, c'est-à-dire aux côtés de ceux qui s'étonnent de la pluie / du monde comme il va / et des discours du vent. Sur le chemin, ce sont les grands-parents / couchés sous les étoiles qu'on croise, ou les personnages de Dhôtel avec qui nous allons ensemble au café / pour commenter le temps qu'il fait. L'ennui n'est pas de mise au carrefour des routes / où s'égare un enfant car, par la grâce de la poésie, nous retournons aux sources des rivières, avant de réaliser la vacuité dans les très vieux hivers. L'écrin fragile des chansons murmurées contient l'apaisement où la nuit parle bas / au corps las aux mains douloureuses, même si le poète concède que le temps sous le faix m'écrase / et fait de moi cette ombre creuse. Tout est accompli, sans doute, et les regrets ne deviennent que ce que Jean-Claude Pirotte en fait : une vie sourde et pérégrine, qui nous emmène vers un pays inespéré / où les rivages sont déserts, à la lumière d'une pure nostalgie. Christophe Mahy, avril 2012.
Extrait :
Revue de presse : mise en ligne : 12/04/12
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