Jean-Claude Pirotte
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Jean-Claude Pirotte


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Jean-Claude Pirotte : Passage des ombres
Prix Kowalski Poésie 2008

Passage des ombres [poèmes], Paris, Editions de La Table Ronde, avril 2008, 206 p.
ISBN : 978-2-7103-3032-5. Parution : 10/04/2008. Prix : 18 €




Jean-Claude Pirotte, Passage des ombres [poèmes]


Prix Kowalski - Prix de Poésie de la Ville de Lyon 2008

Le Prix de Poésie de la Ville de Lyon a été fondé en 1984 et dénommé Prix Roger Kowalski, en hommage au grand poète lyonnais prématurément décédé moins de dix ans auparavant. Il est actuellement en France le prix de poésie le mieux doté. Son jury est constitué de poètes et de critiques qui chaque année examinent la production poétique d'une rentrée littéraire à l'autre, établissent une sélection et délibèrent sous la présidence de l'Adjoint à la Culture de la Ville de Lyon. Le Prix est décerné cette année à Jean-Claude Pirotte. Et remis publiquement à la Bibliothèque le 9 mars.

Composition du Jury : Georges Kepenekian, Claude-Michel Cluny, Jean-Yves Debreuille, Patrick Dubost, Béatrice de Jurquet, Hervé Micolet, François Montmaneix, Jean Perol, Didier Pobel, Annie Salager.


Né à Namur (Belgique) en 1939, Jean-Claude Pirotte est poète, romancier et peintre. Il a publié son premier recueil, Goût de cendre, en 1963. Voyageur (Pays-Bas, Italie, France), il n'en est pas moins marqué, comme André Dhôtel qui est sa grande admiration, par les paysages austères des Ardennes, ou par ceux qui leur ressemblent, comme ce Revermont (Le Temps qu'il fait, 2008) du Jura français dans lequel il s'est installé. Passage des ombres, c'est d'abord une poésie modeste, qui se coule dans un vers à forme classique, qui en profite pour chanter, à la manière des chansons populaires. Mais dans " la montagne que j'habite / autour de moi se rassemblent / des voyageurs disparus " : ce sont Toulet, Supervielle, Max Jacob, Grosjean, Frénaud, Cayrol, Follain, Guillevic, Tardieu. Il ne les pastiche pas, il écrit un moment avec eux, comme on ferait un bout du chemin, dans leur atmosphère et dans leurs paysages. Car ce livre est d'abord une flânerie, dans les parages et de la mer, dans les neiges et les brumes des pays du nord, "parmi les grands arbres qui tremblent". On y rencontre "un mendiant sous sa tignasse", la fille du cantonnier, un chien qui dort. Et par-dessous tout cela, un mot qu'on ose à peine prononcer, tant sa fraîcheur est fragile : "Ce serait le mot enfance". Alors, s'il faut inclure un "Art poétique", car la mode l'impose, ce sera en forme de pied de nez à toutes les vaticinations de la modernité : il ne faut pas avoir peur des rimes, elles "n'ont jamais mordu personne". Écrire comme on rêve ? "Ce serait trop beau". Il faut se méfier des prétentions rimbaldiennes : "J'établis mon campement / à l'abri des voleurs de feu". Quant aux mots, il ne s'agit pas comme le voulait Mallarmé de leur donner un sens plus pur, mais au contraire d'espérer et d'attendre humblement "comment les mots les plus simples / dévoilent soudain la lumière". C'est donc dans une conception résolument "démodée" de la poésie que s'installe Jean-Claude Pirotte, celle qui ne prétendait pas changer la vie, mais simplement l'enchanter. Son recueil comporte plusieurs "chansons", et comme une ballade, il s'achève sur un "envoi" : envoi ou renvoi, aux neiges d'antan ou aux signes de l'espace d'aujourd'hui "qui vous parlent tout bas". Et pour le reste, "la beauté comme la misère est soumise / aux folles fureurs des intempéries". (Jean-Yves Debreuille)

Les derniers lauréats du Prix Kowalski sont : William Cliff, Immense Existence, Gallimard, 2007 ; Emmanuel Merle, Amére Indienne, Gallimard, 2006 ; Marie-Claire Bancquart, Avec la mort, quartier d'orange entre les dents, Obsidiane, 2005 ; Ludovic Janvier, Des rivières plein la voix, L'Arbalète/Gallimard, 2004.

Source : Bibliothèque municipale de Lyon




Extraits :

chanson de Noël

I

que ferais-je ce matin
un poème une peinture
blanc le ciel entre les murs
et les arbres sont éteints

je lis Tardieu je retiens
le fusain des jours pétrifiés
or ainsi je me souviens
de tout même d'avoir été
[...]
chansons pour André Dhôtel

[...]

que je sois laid que je sois beau
la pluie transperce mon chapeau
ce n'est pas important je pense
d'accepter ou de renoncer

ce qui compte c'est la chanson
de l'averse et du galurin
le duo des vieilles misères
fidèles comme les merveilles

sans le savoir on devient
plus sensible qu'une gouttière
et plus savant qu'un notaire
avouons-le ce n'est pas rien
[...]
envoi

[...]

je ne vous quitte pas sans douleur mais je vous quitte
pour aveugle et sourd irrémédiablement muet
me terrer dans les galeries glaciales de mon être
le plus ignoré de tous et d'abord de moi-même


Revue de Presse :

  • "De Tardieu à Pirotte, le passage des mots"
    Entretien avec Jean-Claude Pirotte à l'occasion de la remise du Prix Roger Kowalski.
    Audrey Hadorn, www.lyoncapitale.fr, 06/03/2009.


  • "Jean-Claude Pirotte, prix Kowalski 2008 "Un pendu de papier" "
    "Ces "passages" sont tout à la fois les poèmes d’un peintre qui écrit et d’un poète qui peint. La lumière, les ombres, les couleurs, les figures, autant réelles qu’abstraites, hantent l’univers de Pirotte."
    Aymen HACEN, La Presse de Tunisie, 26/12/2008.


  • "[Un] charme impondérable, [une] musique subtile, prenante [...] On lit, on feuillette, on relit : voici un poète."
    Le Coin de Table n°36, novembre 2008.


  • "Passage, permanence et jeu dans le poème", par Quentin Louis
    "[Jean-Claude Pirotte] s'est attelé, avec sa virtuosité habituelle et une complicité sans faille, à un véritable travail de mémoire poétique. On trouve, dans ce fort volume, des chansons pour ses frères écrivains, Max Jacob, Jacques Audiberti ou André Dhôtel. Des récits versifiés, des comptines, un clin d'oeil appuyé aux poètes fantaisistes (Pellerin, Carco et Toulet) : "et vous Pellerin savez-vous / qu'à des dames sévères / jadis je récitais vos vers / quasiment à genoux / (et sans boire un seul verre)" font de ce Passage des ombres — entendez fantômes — un collier de perles rares. C'est à croire que Pirotte lance, comme d'autres des bouteilles, des poèmes à la mer, poèmes contenant eux-mêmes le souvenir d'autres poèmes.
    De livre en livre, Pirotte s'impose comme un poète entouré de poètes, dont il se plaît à souligner l'originalité dans le fond comme dans la forme. Ainsi, dans la section intitulée "Veilleurs", il fait défiler pour son plaisir et le nôtre une pléiade de poètes et s'autorise à écrire à la manière d'eux sans que pour autant on puisse parler de pastiche. La liste exhaustive des poètes salués serait longue mais on se doit de citer les plus belles réussites : Michaux, Périer, Thiry, Supervielle, Jammes, Jouve, Grosjean, Rodenbach, Guiette, Queneau, Cayrol... Ce Passage des ombres pourrait se lire comme un art poétique où le poète exilé rend hommage à tous ceux qui auront fait de lui Jean-Claude Pirotte."
    Quentin Louis, Le Carnet et les Instants, n°, 153, octobre 2008.
  • "Porteur d'émerveillements rescapés et de paroles clandestines, [Pirotte] ouvre le Passage des ombres. On s'y glisse, on s'y engouffre, on s'y laisse bercer."
    Didier Pobel, Dauphiné Libéré, 28/07/2008.


  • "Pirotte est un merveilleux écrivain, romancier sensible qui n'a pas son pareil pour chanter le bruit de la pluie sur les toits ardennais ou le vin des vignes de zinc [...] la magie fonctionne. La grâce et l'élégance de sa plume bleutée comme l'ardoise quand il pleut."
    Philippe Lacoche, Le Courrier Picard, 04/09/2008.


  • "Jean-Claude Pirote et l'ombre de Dhôtel, par Christophe Mahy
    Bulletin de la "La Route Inconnue", association des amis d'André Dhôtel, n° 20, juin 2008, p. 6-8.
    "[...] Les inconditionnels de La boîte à musique retrouvent l'atmosphère et l'intimité d'une poésie rendue à sa propre liberté. Cet itinéraire au fond des solitudes suit le pas des aînés à qui nous devons tant. Ainsi, André Dhôtel inspire au poète un délicieux chansonnier où
    nous nous égarons dans les soirs
    heureux de nous perdre ravis
    de rencontrer la luciole
    incertaine comme la vie
    en suivant le vent qui rue dans les ruelles ou les chemins qui vont à la mer. On se surprend attentif à la rumeur des anciens orages et assidu aux études de botanique / inspirées par la paresse, tandis que les oies sauvages émergent des nuagés à l'aplomb de campagnes merveilleusement ordinaires. L'ombre de Dhôtel n'en finit pas de hanter les lieux nuls et irremplaçables, de visiter les mémoires fidèles, de réveiller d'anciennes nostalgies. A sa suite, la poésie de Jean-Claude Pirotte s'engage dans la voie des événements discrets, explore des terroirs intimes où les terre-pleins débordent d'herbes saugrenues et de fleurs rebelles. D'autres pages font la part belle à l'expérience du lecteur en évoquant la parole sincère de Jean-Pierre Colombi, André Frénaud, Jean Grosjean ou Georges Rodenbach, pour ne citer qu'eux. Les mots amis attisent une écriture ardente pleine de reflets déchirés où lorsque
    la pluie cesse on entend
    le hameau déserté
    s'ébrouer doucement.
    [...]" (p. 7).
  • "Les chansons douces de Jean-Claude Pirotte", lesoir.be, 23/05/2008.
    "Il y a chez Pirotte une élégance du phrasé qui tient de la peinture [...] Il y a de la joie à lire ces textes [...] une sensibilité à fleur de vie cueille pour le lecteur tout ce qu'il aurait choisi de cueillir lui-même s'il en avait eu le talent."


  • "Comme passe le vent d'été", Olivier Stevens, lalibre.be, 11/04/2008.
    "Une réussite poétique et bucolique, parce que, indissociable du plaisir, il y mêle le style (...) Pirotte passe de la raillerie à l'émotion, de la gaîté à la tristesse, d'une voix diverse, libre mais toujours reconnaissable."
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