Jean-Claude Pirotte
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Place des Savanes
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Jean-Claude Pirotte


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Jean-Claude Pirotte : cette_ame_perdue

Jean-Claude Pirotte, Place des Savanes,
Paris, Le Cherche Midi, 2011.
Format : Broché, 14,2 x 22,1 cm
ISBN : 978-2-7491-1618-1
Prix : 15 €
Parution : août 2011.



Librairie Papyrus, Namur
Soirée Jean-Claude Pirotte à la librairie Papyrus à Namur, le 07/11/2011.


Jean-Claude Pirotte : Place des Savanes (roman)


Un assassinat en pleine brasserie et en plein jour, mais personne n'a rien vu, et le mort est un inconnu.
Un patriarche étrange, assisté de deux geishas non moins équivoques, au coeur d'un vaste espace de banlieue. Un narrateur adolescent, précoce et tourmenté. Des personnages insolites et une enquête qui piétine.
Une investigation à l'objet fuyant qui, pour le jeune homme, prendra la forme d'une quête d'identité, fantasque et obstinée.
Tel un vieil alcool dont les vapeurs colorent la vie, la prose de Jean-Claude Pirotte est un enchantement permanent.

Note de lecture :

Un meurtre dans une brasserie. Un mort inconnu, des témoins amnésiques, une banlieue de grisaille, qu'illumine à claire-voie l'éternelle adolescence d'un narrateur fantasque. Il n'en faut pas plus pour qu'opère la magie de Jean-Claude Pirotte, dont les enchantements égarent le lecteur et la police sur les pistes ténébreuses de la poésie. Car dans les paysages inconnus, où se meuvent entre deux alcools les fantômes de l'enfance, Ange Vincent, le double halluciné, se plaît à rêver aux beaux yeux d'Hélène, la serveuse de la taverne d'où il regarde le crépuscule s'emparer de la ville et des hommes. Les journées s'écoulent, mornes et grises, dans le labyrinthe d'un ressassement qui ne vaut que pour lui-même. Je me rends bien compte que mon récit n'avance pas, mais c'est la vie qui piétine, écrit Pirotte, à moins qu'il ne s'agisse que d'une vérité acquise par son double. Pour faire avancer l'enquête, l'inspecteur de police part à la recherche d'Armen Lubin, suspect comme tout poète qui se respecte. Dans le demi-jour et le mystère entretenu par un grand-père de légende, tout est prétexte à la poésie, même et surtout les regards veloutés des deux geishas lascives qui hantent les nuits d'Ange Vincent. Alors, c'est l'errance de taverne en bistro, dans la lumière éteinte des heures perdues, qui tient lieu d'exutoire au crime brumeux et inexpliqué dont finalement, personne n'a que faire. Il y a les vins du mois, ceux de la semaine et celui du jour. Les bouteilles se suivent et ne se ressemblent pas, sinon par la distinction et la vertu, nous dit Pirotte. Comme chaque jour de la vie, en somme, dans l'éblouissement permanent que seule la poésie permet.



Extrait :

"En ce temps-là, pourtant, tu éprouvais déjà de la vénération pour certains mots. Faut-il avouer que ceux dont le sens t'échappait avaient ta préférence ? Tu les répétais en secret le soir, alors que la bougie allumée par la grand-mère au chevet de ton lit, dans la plus haute chambre, éclairait de sa flamme jaune les images d'un livre, et que l'ombre sur les murs vacillait sur un rythme de danse étrange. La lune certaines nuits entrait par la lucarne, et la flamme de la bougie alors se tenait droite, et comme immobile. C'était la flamme d'un sacrifice heureux ou d'un hommage secret. La lune, pensais-tu confusément, c'est une âme qui te regarde et dévoile un peu le mystère des mots qui peuplent déjà ta mémoire.
La grand-mère entrait dans la chambre et disait :
- Je mouche la chandelle, mais je te laisse la lune." (pages 16-17)


Revue de presse :

  • L'actualité littéraire (45)- Les poètes belges s'exportent bien, Pierre Maury, Le journal d'un lecteur, 04/11/2011.

  • Le coup de coeur d'Eric Naulleau : Place des savanes, parismatch.com, 17/10/2011.
    "Qu’on se le dise, un poète qui se lance dans le polar n’en reste pas moins un poète : "De la caserne où les ombres du soir s’alourdissent comme des capotes gorgées de pluie, je n’ai conservé que d’étroits souvenirs et quelques rêves de silhouettes coiffées d’un calot verdâtre." "

  • "Jean-Claude Pirotte : l'art de la fugue", Xavier Houssin, lemonde.fr, 15/09/11 (édition du 16/09/11).
    "La maison se trouve en face du poste de douane. Encore loin des premières habitations du village. Pas de barrière, pas de douaniers. Juste un drapeau suisse délavé marque la frontière. Il y a un peu plus d'un an que Jean-Claude Pirotte et sa compagne, la romancière et traductrice Sylvie Doizelet, sont installés ici, à Beurnevésin, dans le canton du Jura. Installés ? Ils y campent plutôt. Dans les pièces s'entassent les cartons. En 2009, il leur a fallu quitter Arbois, où ils avaient fait souche. "C'était devenu trop cher", soupire Jean-Claude Pirotte. Entre-temps, ils ont loué "une soupente" sur la côte belge. "Presque toutes nos affaires sont restées dans le Jura."
    Et il y a eu la maladie. Une saleté de cancer enfoncé bien profond, des tumeurs aux mâchoires, quelque chose au poumon. Il chasse un nuage. Lisse sa barbe. Passe une paume rapide sur ses yeux et vous sourit doucement. "J'avais perdu toute énergie, explique-t-il. Les médecins m'ont fait prendre des cachets contre la dépression. Je suis parvenu au bout de mon roman. Il me reste la poésie."[...]"

  • "Place des savanes, de Jean-Claude Pirotte : à travers les fragments d'un miroir", Xavier Houssin, lemonde.fr, 15/09/11 (édition du 16/09/11).
    "Ce serait encore, dans les récurrentes mises en abyme de Pirotte, un texte qui contiendrait tous les autres sans qu'on ne sache plus très bien ce qui se disait avant. C'est que l'homme excelle dans l'art de se perdre et, avec lui, de perdre son lecteur. Lui a-t-il seulement déjà tenu la main...
    La familière déroute ressemble davantage ici à la traversée d'un palais des glaces. Tout se reflète et se répond. De Place des savanes, on pourrait dire qu'il s'agit d'une enquête policière (il y a un meurtre, il y a un flic), mais qui s'en soucie vraiment ? Assis à la place du mort dans le recoin sombre d'une brasserie de province, le narrateur fait de ses souvenirs embrouillés partie de mikado. Un vrai jeu de patience et d'habileté. Les âges et les années, les moments et les gens sont tout enchevêtrés.
    On trouve une grand-mère qui détient le secret pour lutter contre les méfaits du temps. Un faux grand-père, toujours accompagné de deux troublantes Asiatiques, soeurs jumelles. Une serveuse de bar à l'identité changeante. Des compagnons de bistrot et des poètes. Surtout des poètes. Armen Lubin et Max Jacob. Odilon-Jean Périer, Paul Neuhuys, Jacques Baron. Ce sont eux qui font les repères de cette histoire singulière où Pirotte retrouve Ange Vincent, son double, son frère. Beau retour en arrière..."

  • "Jean-Claude Pirotte, Place des Savanes", Dominique Baillon-Lalande, Encres Vagabondes, 12/09/11.
    [...]Ce faux polar se déroule en zigzag à coup de rêves, "Une seconde vie, ô Nerval, pourquoi pas la première ?", de déambulations nocturnes et urbaines, de divagations littéraires, de truculents séjours chez l'aïeul, d'interrogatoires policiers à la Ionesco où il s'agit d'en "dire le moins possible. Ne jamais avouer mais distiller des détails incongrus. Des détails qui fâchent de préférence."
    La fiction est ici l'occasion d'une quête fantasque d'identité sous forme d'un puzzle autobiographique aux réponses biaisées, aux cartes aléatoires dont les images jouent à cache-cache. Mais derrière cette introspection, c'est aussi le présent de l'écriture qui se trouve ici interrogé. "Je me rends bien compte que mon récit n'avance pas, mais c'est la vie qui piétine."
    Amateurs de récit linéaire s'abstenir mais aux amoureux de récits provocateurs, insolites, jubilatoires, sans queue ni tête mais pas sans raison, aux gourmands de langue rare et épicée, je recommanderai de se précipiter toute affaire cessante sur cette rareté improbablement proposée dans la rentrée littéraire."

  • "Un roman truffé de poésie", Pierre Maury, lesoir.be, 26/08/11.
    [...] Aux confins du roman – dites : la périphérie, si vous voulez –, la phrase ne suit pas le but précis que pourrait lui donner un architecte scrupuleux. Elle traîne un peu, s'alanguit, puis un dialogue s'installe, aux répliques sèches, sans pour autant faire avancer l'intrigue. Est-ce donc un roman paresseux ? S'il faut se résoudre à le qualifier ainsi, ce sera pour faire, du même coup, l'éloge de cette paresse grâce à laquelle les détails sont mis en relief par des lumières rasantes. Quant à la présence de l'alcool, sans lequel l'univers de Pirotte perdrait une partie de son identité, elle est teintée d'une vague tristesse, comme si la vérité n'était plus au fond de la bouteille – pour autant qu'elle s'y soit trouvée un jour – mais que la gorgée de plus, nécessaire à l'ivresse, révélait une ombre de vérité, projetée sur un mur de mensonges. [...]

  • "Place des Savanes de Jean-Claude Pirotte", Valeurs actuelles, 25/08/11.
    "Peu importe le sujet : le crime d’un inconnu dans une auberge, un curieux paroissien flanqué de deux geishas, un garçon qui s’inquiète, se torture ; des individus occupés à reconstituer le puzzle autobiographique de l’auteur qui considère la vie comme une suite d’interrogations, d’épreuves, de réponses biaisées. On dirait un convive dans une taverne se déplaçant de table en table un verre de vin à la main pour allumer des conversations. Nous sommes en présence d’un raconteur d’histoires réfractaire à ce que la vie veut imposer, prêt à ranimer des vieilles nostalgies faites d’insolite, d’humour et d’impertinence. [...]"


  • "Jean-Claude Pirotte : un grand romancier de ce temps", par Eric Yung, BSCNEWS.FR, 23/08/11.
    "[...] Jean-Claude Pirotte est de retour. Il publie « Place des Savanes » aux éditions du Cherche-Midi, un roman qui sera en librairie dès le 12 août prochain. Et c’est fort et c’est beau et ça a de la gueule et du style. Enfin, c’est du Pirotte ! Roman noir par excellence (mais qui peut déstabiliser un peu le lecteur qui ne connaît pas encore l’imaginaire de l’auteur) « Place des Savanes » nous raconte à la première personne du singulier les aventures d’un jeune garçon qui se nomme Ange Vincent. Mais peut-être n’est-ce pas lui qui nous narre son histoire. Peut-être n’est-ce pas ce gamin qu’il a été, celui qui, dans son lit, attendait le sommeil tandis que « certaines nuits la lune entrait par la lucarne, et que la flamme de la bougie alors se tenait droite » jusqu’à ce que sa grand-mère entre dans sa chambre et lui dise « je mouche la chandelle, mais je te laisse la lune ». Non, peut-être qu’il ne s’appelle pas Ange Vincent. Mais qui est-il alors ? Se nomme-t-il Armen Lubin, le poète qui répond à un vieux flic assis à sa table, dans une brasserie : - N’ayant plus de maison ni logis, - Plus de chambre où me mettre, - Je me suis fabriqué une fenêtre, sans rien autour. [...]"


  • "Jean-Claude Pirotte : Entre éternité et désastre", par Lucien Wasselin, revue-texture.fr, 10/08/11.
    Place des Savanes, Le Promenoir magique, Passages des ombres...
    "Lucien Wasselin se lance sur les pistes brouillées de Jean-Claude Pirotte à travers quelques-uns de ses livres, dont le dernier Place des Savanes, est un roman [...]"


  • mise en ligne : 27/07/11
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