4e DE COUVERTURE
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L'archaïque contemporain
Textes réunis par Dominique Clévenot
- Accoler les termes d'"archaïque" et de "contemporain" semble à première vue relever de l'oxymore. Si la notion d'archaïque évoque d'emblée un temps
premier, ou originaire, la contemporanéité est généralement pensée comme se situant dans la proximité immédiate du futur. Cependant, contrairement à l'"archaïsme",
qui véhicule l'idée d'une forme fossilisée du passé, c'est-à-dire une forme morte,l'"archaïque" dont il sera ici question doit être compris comme une notion qui échappe
à la simple chronologie linéaire, comme une dimension du temps qui est à même de se
manifester à tout moment, en d'autres termes, comme une dimension, toujours active,
du présent. "L'origine est un tourbillon dans le fleuve du devenir", disait Benjamin.
C'est dans le champ de l'art que cette question est posée. Peut-on voir dans certains
aspects des pratiques artistiques contemporaines la présence de cet archaïque
transhistorique ? Peut-on par exemple reconnaître celle-ci dans la tendance de l'art des
années 60/70 à réduire le langage plastique à ses constituants élémentaires ou dans la
récurrence de figures archétypales : carrés, cercles, labyrinthe, etc. ? En discerne-t-on les
effets dans la primauté fréquemment accordée aux matériaux bruts ou naturels, tout
comme dans le recours à des gestes techniques rudimentaires ? Cette présence de
l'archaïque se manifeste-t-elle dans une relation à la nature qui, par certains aspects,
semble parfois actualiser la croyance en une continuité spirituelle entre l'homme et son
environnement ? De même, les pratiques sur le corps ou son image, qui mettent en jeu
les pulsions qui le traversent, renvoient-elles, sur un mode différent, à cette même notion ?
Si ces manifestations de l'archaïque sont particulièrement perceptibles dans nombre
de pratiques artistiques des dernières décennies du XXe siècle, qu'en est-il aujourd'hui,
à l'heure des nouvelles technologies ? Mais tout aussi bien, la question ne saurait se
limiter au domaine des "arts plastiques" au sens étroit du terme. D'autres formes
d'expressions méritent de retenir l'attention, comme l'architecture, les arts de la scène,
la musique, voire certaines pratiques actuelles du corps telles que tatouages "tribaux",
piercings et autres labrets.
- Parallèlement à ces "études de cas", il convient aussi d'interroger la notion
d'archaïque telle qu'elle se spécifie dans les divers champs disciplinaires où elle
apparaît, comme l'histoire de l'art, l'esthétique, l'anthropologie ou la psychanalyse.
Cette enquête pluridisciplinaire permet de mieux comprendre les relations complexes
qui se jouent aujourd'hui entre actualité et résurgences ou survivances, de donner un
sens aux apparents anachronismes ou disjonctions, ainsi qu'aux multiples formes de
tissages des temporalités.
- Textes de : Isabelle Alzieu, Claude Amey, Jean Arnaud, Jean Arrouye, Christine Buignet,
Francesca Caruana, Dominique Clévenot, Brigitte Derlon, Fabiren Faure, Brice Genre,
Michel Guérin, Frédéric Guerrin, Monique Jeudy-Baldini, Bernard Lafargue, Patrick Lhot,
Nadine Martinez, Sopkie Mijolla-Mellor, Khalil M'rabet, Michel Perrin, Cathy Souladié,
Sabÿn Soulard, Emma Viguier.
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AVANT-PROPOS
- Dominique Clévenot : La présence de l'archaïque
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